venerdì 23 gennaio 2009

Gian Carlo Caselli, magistrat italien



Depuis mars 2001, Gian Carlo Caselli est le représentant italien à Bruxelles de l’organisation communautaire Eurojust contre la criminalité organisée. En avril 2008, il a été nommé Procureur Général du Conseil Supérieur de la Magistrature.
Gian Carlo Caselli au sujet de la liberté d’information
« Il y aura toujours quelqu’un pour tenter de bâillonner et de censurer les gens, pour tenter de limiter et de gêner dans leur travail les personnes courageuses. C’est-à-dire les criminels, les personnes violentes, les lâches, mais aussi, à leur manière, ceux qui ne tiennent pas vraiment à la liberté d’information.
Au moment même où j’exprime à Telejato toute ma solidarité affectueuse et mon admiration pour la ténacité avec laquelle tous continuent leur travail, je souhaite évoquer ces projets de lois qui visent à empêcher toutes publications, sur des faits mafieux ou autres, à empêcher qu’on en parle pendant des mois et des années, tant que les enquêtes judiciaires ne sont pas bouclées.
Si ce projet, approuvé par le Conseil des Ministres, devenait une loi d’Etat, la situation serait inacceptable.
L’impossibilité de savoir, avec l’interdiction totale de pouvoir savoir quoique ce soit sur n’importe quelles enquêtes, signifie Tuer la Liberté de la presse, de l’information, mais également mettre en danger le fonctionnement des institutions publiques : moi, en tant que magistrat, dans le secret le plus absolu, entre les murs de mon bureau, je peux donc commettre les infamies les plus infâmes et personne n’en saura jamais rien, personne ne peut plus me surveiller !
Et le contrôle de l’activité du fonctionnaire public de la justice à travers les médias est fondamental dans une démocratie ! »

Article rédigé par Gian Carlo Caselli pour « Anti-mafia 2000 » sur l’histoire de « l’anti-mafia ».
23 mai 2008. Palerme
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Pour comprendre pleinement le rôle de Giovanni Falcone dans la lutte contre la mafia, il est nécessaire de partir de l’époque où la mafia n’existait pas. Dans le sens où nombreux sont les notables (cardinaux, procureurs, politiques…) qui en niaient officiellement et solennellement l’existence. L’un d’entre eux allait même plus loin.
Voici une citation reprise textuellement : « On dit que la mafia méprise la police et la magistrature, c’est une inexactitude. La mafia a toujours respecté la magistrature et la justice, elle s’est toujours inclinée devant ses sentences et n’a jamais entravé l’appareil judiciaire. Dans la persécution des hors la loi et des bandits, elle s’est toujours placée du côté des forces de l’ordre.
Aujourd’hui elle se fait le successeur légal de la charge tenue par Don Calogero Vizzini, au sein de la société occulte. Puisse son œuvre être élevée sur la voie du respect des lois de l’Etat et de l’amélioration sociale de la collectivité ».
Celui qui a écrit ces infamies dans les années 50 dans une revue juridique, était le Procureur général de la Cour de cassation, Giuseppe Guido Lo Schiavo, le plus haut magistrat italien.
Il apparaît alors évident que si quelque chose n’existe pas, personne ne la cherche. Et si une personne un peu « border line » cherche quand même, il trouve difficilement. Si elle est un peu chanceuse, elle réussira à trouver quelque chose, mais seulement des lambeaux. C’est la réalité judiciaire de cette époque où la mafia n’existe pas, où on ne fait que peu de procès et que tous, pratiquement, se concluent –inexorablement et systématiquement – par des acquittements par manque de preuves.
Les choses changent quand Giovanni Falcone et les autres magistrats du Pôle de Palerme entrent sur la scène. Falcone savait très bien que la mafia… existait. Il a le mérite d’avoir inventé et mis en place une méthode de travail qui – racontée aujourd’hui – peut sembler une banalité, mais qui à cette époque était une vraie révolution. Cette méthode était basée sur les paramètres de la « spécialisation » et de la « centralisation ». Les membres du pôle ne doivent traiter que de mafia, et rien d’autre, afin d’affiner progressivement leurs connaissances en se spécialisant toujours plus. Dire STOP à la fragmentation, la segmentation, la parcellisation du peu d’enquêtes. Avec la nouvelle méthode, tous les résultats, les chiffres et les faits relatifs à Cosa Nostra doivent être recueillis dans une seule et unique base de données, de manière à obtenir une vision plus complète de l’organisation.
Et alors le simple fait criminel, qui avant (pris de manière isolée) était indéchiffrable, révèle désormais un langage compréhensible et les responsabilités individuelles peuvent également être définies. Cette méthode paie. Il en résulte un chef d’œuvre « détectivo-judicaire » : « maxi » procès (maxi car énorme et maxi car il s’agissait de l’impunité dont la mafia jouissait jusqu’à ce moment là), la fin du mythe d’invulnérabilité de Cosa Nostra, la démonstration des faits (dans le respect rigoureux des règles, des preuves, des procédures). Cette méthode prouve à quel point Giovanni Falcone avait raison chaque fois qu’il soutenait que la mafia est une aventure humaine comme les autres : avec un début, un développement et qui, par conséquent, peut aussi avoir une fin.
Le pôle est en train de gagner la lutte contre la mafia. Falcone et les autres rendent un service d’intérêt national, car la mafia n’est pas seulement un problème limité à la Sicile. C’est bien plus. C’est une affaire politique, économique et sociale au niveau national. Une question de démocratie. Mais Falcone et le pôle, au lieu d’être aidés et soutenus, sont littéralement « ignorés » d’un point de vue professionnel. Une tempête de polémiques et d’agressions s’installent, aussi honteuses qu’injustes : professionnels de l’anti-mafia, utilisations impartiales des repentis, utilisation de la justice à des fins politiques, pôle transformé en centre de « pouvoir »… Le pôle a finalement été annulé et ses méthodes de travail remises en question. Falcone a été contraint à « émigrer » de Palerme. Plus aucun poste n’était disponible pour lui dans la ville.

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